En route vers Minto-Chipman
Après une marche de 25 kilomètres, c’est la municipalité de Minto que je vois à l’horizon. Difficile à croire que cette région était l’une des plus prospères de la province durant les années de la grande dépression. Le boom économique carburé par les mines de charbon en était la raison. Initialement connue comme Northfield, celle-ci changea de nom à celui de Minto dès 1902 en l’honneur du gouverneur-général du Canada Gilbert-Elliot-Murray Kynynmound, le 4e comte de Minto. L’industrie minière du charbon de Minto fut exploitée à partir de 1639 faisant d’elle la plus ancienne mine au Canada. Je suis surpris d’apprendre que les propriétaires de terrain avaient la permission de creuser pour ce minerai sans aucun permis de la couronne ni même ne payer aucune royauté et ceci jusqu’en 1915. Ceci me rappelle la situation du gaz de schiste au début des années 2010. Contrairement à la législation américaine, tout minerai ou gaz enfoui dans le sous-sol néo-brunswickois appartient à la couronne ou selon une entente spéciale entre la couronne et un tiers partie. Chez nos amis du sud, le sous-sol appartient au propriétaire du terrain et non au gouvernement résultant à chaque propriétaire de profiter de la manne pour y extraire les minerais ou LE gaz. Voilà pourquoi le gaz de schiste était si populaire chez nos cousins américains. Lorsqu’on vous offre quelques millions de dollars pour un terrain de plusieurs arpents, difficile de dire non à cette manne.
Mon grand-père Landry travaillait à Minto lors de l’éclosion de la grippe espagnole; un télégramme lui avise de descendre chez lui à Collette. À son arrivée, il attrapera la grippe espagnole; cependant il s’en sortira indemne.
À son réveil, il apprendra que son épouse, sa belle-mère et son fils ont succombé à la grippe espagnole. Pas moins de 55 000 canadiens succomberont à cette maladie. C’est ainsi que le ministère fédéral de la santé sera créé suite à cette pandémie. Lorsque j’ai commencé à planifier ma marche de 3000 kilomètres, on n’y parlait peu du coronavirus. C’est en Chine, encore une grippe de ce pays asiatique pouvait -t-on entendre. La grippe espagnole s’était propagée via le trafic naval des ports de mer, un peu le même scénario avec le coronavirus. Celui-ci s’est propagé via les aéroports comme porte d’entrée. À ce jour, plus de 9000 décès sont rapportés au Canadaalors j’opte pour l’achat d’un masque.Qui a le plus beau masque
Le charbon était roi à Minto : NB Coal, une filiale d’Energie NB construira une centrale au chardon produisant l’électricité en 1931. Celle-ci ferma boutique en 2010 dans la quête de réduction des gaz à effets de serre par Énergie NB.
Chemin faisant, c’est vers Chipman que je prends la direction.

J’atteins enfin le 400e kilomètre
À partir de la route 116, j’ose faire un petit détour via la route 123 afin de circuler dans le downtown Chipman. Le village aborde vers l’ouest le Grand Lac, le plus grand lac d’eau douce aux provinces maritimes. Oui, c’est le même lac qu’on voit à chaque printemps lorsque le fleuve Saint Jean sort de son lit et la crue des eaux se vide dans le Grand Lac. C’est beau en été, mais lors d’inondations, je ne peux imaginer l’inquiétude qui guette les riverains. Ce petit village fut fondé en 1835. L’immigration en provenance de l’Irlande du Nord apporta un flux d’habitants afin de soutenir l’industrie du charbon. La région est connue pour son industrie forestière ainsi que la brique rouge Chipman transformée par L.E. Shaw Brick. Avant de quitter le village, j’envoie mes saluts à la famille du défunt Bernie Sisk (mon cousin). Il a œuvré dans le domaine de l’éducation durant toute sa carrière, d’ailleurs l’infrastructure de soccer porte son nom.
De nouveau à la route 116, les prochains 60 kilomètres seront parcourus dans une région peu habitée, même pas d’électricité à certains endroits. Les citoyens de la région Kent-Nord et de la région de Rogersville l’empruntent pour se rendre à Fredericton. La route longe la Rivière au saumon (Salmon River), d’où vient la référence du Salmon River Road. Les athlètes en athlétisme de la région de Kent connaissent bien cette route, ils l’empruntent pour se rendre à la Base CFB Gagetown afin de participer aux rencontres d’athlétisme en salle dans le plus gros complexe intérieur dans l’est du Canada; la seule avec une piste intérieure de 200 mètres. Il n’est pas rare de rencontrer des animaux sauvages en plein milieu de la route; dois-je ralentir ma vitesse afin de les éviter ou accentuer celle-ci afin de ne pas me faire dévorer? C’est ainsi que j’enfile mon chandail des Canadiens de Montréal, je démarre mon tapis roulant et je pars à haute vitesse.
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Pensée positive de la semaine
C’est à l’âge de dix ans que j’ai gagné Wimbledon pour la première fois dans ma tête.
André Agassi