Allô la civilisation à nouveau au 531e kilomètre

Enfin j’embarque à nouveau sur le vrai asphalte, la 126, je la connais par cœur comme dit la chanson d’Édith Butler, la 20 je la connais par cœur. Je suis donc dans la région de Harcourt. Comme bien d’autres communautés néo-brunswickoises, c’est le chemin de fer qui fait coloniser cette région dès 1869. Le nom de Harcourt nous vient de William Harcourt, l’Ille Earl Harcourt, militaire britannique et ami du lieutenant-gouverneur de l’époque Howard Douglas. Peu de choses se passent dans cette communauté. Toutefois en 1957, un avion s’écrase à Harcourt tuant tous les passagers à bord incluant le ministre provincial des affaires municipales, l’Honorable T. Babbit Parlee. C’est ainsi qu’en 1959, la plage Parlee sera nommée en son honneur.


En route vers mon village natal

Je suis natif de Collette, mais pas n’importe où à Collette, downtown Collette. Mais avant, je dois traverser le village de Rogersville, une autre communauté où l’arrivée du chemin de fer coïncide avec la colonisation. Le village tire son nom de l’évêque James Rogers du diocèse catholique de Chatham. Monseigneur Marcel-François Richard sera le personnage qui fera de Rogersville une région plus prospère. Plusieurs acadiens viendront coloniser la région suite à l’invitation de Mgr Richard. Cent arpents étaient offerts à tout colonisateur qui viendrait s’établir. Des colons en provenance des provinces maritimes mais principalement de l’île du Prince-Édouard et de la Gaspésie; ces derniers répondront à l’appel incluant mes deux arrières-grands-pères (du côté Landry et du côté Gaudet). On dit de Mgr Marcel-François Richard qu’il est considéré comme le père de l’Acadie pour son dévouement envers le peuple acadien. Afin de motiver les paroissiens, il fait venir à Rogersville au début des années 1900 les Pères Trappistes ainsi que les religieuses Trappistines. Ces deux monastères de l’Ordre cistercien de la stricte Observance étaient reconnus pour leur dur labeur. Étant natif de la région, je peux vous affirmer que les Trappistes et Trappistines ont été les pionnier-ères dans le développement économique de la région. Les pères trappistes ont œuvré dans le domaine agricole, notamment une ferme laitière munie d’un quota de lait, l’élevage du poulet aussi avec un quota de poulet, une carrière de pierre, un moulin à farine, une usine de blocs de béton, un moulin à scie, une miellerie et une hôtellerie. Conjointement avec un agriculteur local, ils ont été l’instigateur de la culture du chou de Bruxelles à Rogersville. Les sœurs trappistines ont œuvré dans l’industrie bovine, la fabrication d’hosties, dans la production du sirop d’érable ainsi que le domaine de l’hôtellerie pour les fidèles au besoin de ressourcement spirituel. Je connais bien les deux ordres religieux car durant notre jeunesse je travaillais les soirs et fin de semaine ainsi que durant l’été aux poulaillers des pères trappistes. Du coté des religieuses trappistines, je les connais bien aussi car la sœur de ma mère est trappistine. Aujourd’hui, elle est mère abbesse (mère supérieure). Depuis longtemps nos visites chez ma tante se déroulaient au parloir car ces 2 ordres sont dits cloîtrées. À l’occasion, nous allions à la chapelle voir la relique du martyr Saint Théophile. Aujourd’hui, les trappistines poursuivent l’essentiel de leur vocation monastique : vie donnée à Dieu, à l’Église et au monde. Je dis un beau bonjour à ma tante Alfreda, la mère abbesse.

Lors de votre prochain passage à Rogersville, prenez un 10 minutes et arrêtez-vous au Monument national de l’Assomption, une œuvre de Marcel François Richard. Appréciez ce lieu historique de piété. Je vous invite à entamer notre l’hymne national l’Ave Maris Stella à l’intérieur du monument, le lieu où repose le cercueil de Marcel-François. D’après le dictionnaire, un hymne est un chant/poème chanté par les chrétiens tandis qu’un hymne national est un chant patriotique. Nous les acadiens on a le meilleur des deux mondes, on a un hymne religieux et patriotique.

Durant ma jeunesse, il n’y avait pas seulement Marcel-François Richard comme personnage d’importance à Rogersville. Notre chauffeur de taxi Monsieur Émile Leblanc était connu en grand. Il avait un don d’arrêter le saignement et un don de guérison via le Frère André. L’histoire dit que lorsqu’il était jeune, il avait subi un accident agricole dans la région de l’abdomen. Semble-t-il qu’une personne de la région avait subi le même accident et il était décédé suite à cette blessure. C’est ainsi qu’Émile implora l’aide du Frère André et il pria pour sa guérison. L’histoire dit qu’il s’en sortira indemne avec la promesse d’aider d’une manière ou une autre ses paires. Il avait demandé une photo et une médaille du Frère André lesquelles il a reçues. C’est ainsi que dans la région de Rogerville, si tu avais un saignement ou une maladie ou situation quelconque, tu téléphonais à Émile Leblanc. D’après sa famille, après avoir reçu un coup de téléphone ou une visite, il s’évadait dans une pièce de la maison où il faisait des croix aux mains du demandeur et notre Émile se mettait à l’œuvre. À maintes occasions, il y eut guérison. Sa famille ne sait de quoi leur père implorait pour guérir le saignement ou guérison; toutefois il ne voulait pas divulguer ce secret stipulant qu’il représentait une responsabilité trop lourde à supporter pour léguer celui-ci à ses enfants.  Émile Leblanc est décédé en 1999 apportant son secret dans sa tombe. Il était bien plus que notre chauffeur de taxi qui conduisant une Dodge Dart rouge. Dans les annales de l’Oratoire Saint Joseph, il fut mentionné qu’Émile était un catholique d’une grande foi. La famille garde avec soin, un scrap book stipulant toutes les guérisons dont Émile Leblanc fut impliqué. La photo reçue du Frère André est encore visible dans son cadre original.

Au 570e kilomètre, c’est la Collette

Je rentre à Collette et ça sent bon. Heureusement que Frère Urbain n’a pas décidé d’engraisser ses champs afin le purin de poule. Je passe devant mon école de 1e année, l’école McCool. Jamais, je ne savais pourquoi on la nommait l’école McCool. Mon parcours me force à faire des recherches. C’est ainsi que quelques terrains de ma paroisse appartenait à un Monsieur McCool. J’en déduis que l’école devait porter son nom. À l’époque (1963) c’était une école moderne où les toilettes étaient à l’intérieur de l’école. Comme élèves de 1e année, on ne savait pas faire fonctionner une toilette car tous les élèves avaient une bécosse à la maison. Déjà à ce jeune âge, nos parents nous enseignaient le respect pour l’environnement. C’est vrai on recyclait le catalogue Eaton via notre bécosse!!!

Comment saluer toute ma famille sans oublier personne. Je commence par mes parents, Ovila et Annettevous connaissez? Peut-être si l’on vous dit Annette à Ovila, ça vous rappelle ou peut-être Annette la fille à Ben Gaudet. Ils habitent en face de l’église, en face du champ de balle, à côté de la patinoire et du centre communautaire. Voilà pourquoi je dis downtown Collette. Maintenant vous le savez d’où viennent mes qualités : de mes parents - ma mère une maîtresse d’école et mon père un scieu dans les moulins à scie. Un scieu, c’est quelqu’un qui est bon avec le calcul mental comme son fils!

Je continue à saluer ma famille sur le bord de mon père. Ma tante Aurore et défunt oncle Fred Maillet et leurs 11 enfants ainsi que ma tante Éva et défunt oncle Edgar et leurs 8 enfants; tous du beau monde de la Collette. Je salue toute la famille sur le bord de ma mère, la famille à Ben Gaudet. Là il y a du monde à saluer : Léo et Lucienne avec 5 enfants, Médéric et Francine avec 2 enfants, Claude et Bernice avec 2 enfants, Fernand et Gisèle avec 2 enfants ainsi que Réginald et Laurise aussi avec 2 enfants. Tout ce monde reste dans la région de Collette, ils sont tous des partisans des Canadiens de Montréal. Imaginez les fêtes de familles, tu commences à donner des becs pis tu en as pour au moins une heure.

J’aimerais bien tous vous visiter pour entendre raconter vos dernières jokes, mais j’ai une jeune étudiante qui a besoin de mon aide. Ne gênez-vous pas vous pouvez l’appuyer. Shantay est son nom et elle est extraordinaire.


La semaine prochaine je vous dirai comment traverser la rivière Barnaby sans se tremper.


_ Par la poste:

              Comité d’entraide pour Shantay Cormier

              263 Chemin Grattan, Sainte-Anne-de-Kent N.-B. E4S 1B4

_ Ou par transfert électronique (e-transfer) info@jemarchepourshantay.com


Pensée positive de la semaine

Un baiser est une gourmandise qui ne fait pas grossir